Un Sahara sans sable : un paradis aquatique

Il y a environ 9 000 ans, le Sahara n’était pas un désert. En fait, il était couvert de verdure et plusieurs animaux y vivaient le parfait bonheur. Aujourd’hui, quels vestiges restent-ils de cette époque maintenant ensevelie sous les grains beiges ?


Ce sont 9,4 millions de km2 de sable qui composent le Sahara. Sans lui, il n’y aurait pas d’Amazonie. Ses minéraux sont indispensables pour le maintien de sa biodiversité. Le plus grand désert du monde est précieux pour notre planète. Aujourd’hui extrêmement aride, avec seulement 20 mm de pluie annuellement, le Sahara a déjà été un paradis aquatique.

Un grand… très grand lac !

Bien sûr, il est impossible de souffler tout ce sable pour découvrir ce qui se trouve en dessous. Toutefois, les avancées technologiques nous permettent d’observer les vestiges d’un Sahara vert. En observant les images prises par plusieurs satellites, dont celles obtenues lors de la mission Shuttle Radar Topography de la NASA, les chercheurs ont trouvé un réseau de rivières anciennes très important. Parmi les plans d’eau découverts se trouvent le lac Méga-Tchad, l’ancêtre du lac Tchad. Sa superficie est énorme : 388 500 km2 ! C’est l’équivalent de la taille de la Norvège. Si ce lac était toujours aussi grand, il décrocherait la palme du plus grand au monde, battant la mer Caspienne de plus de 20 000 km2. Aujourd’hui, seulement 1 540 km2 composent le lac Tchad.

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À gauche, l'étendue du lac Méga-Tchad en comparaison avec l'actuel lac Tchad, à droite. Crédits : NASA

Cette découverte vient expliquer la présence de fossiles marins qui y ont été trouvés au cours des dernières années. En effet, les archéologues ont déterré plusieurs squelettes de baleines et de poissons préhistoriques, de serpents, de tortues et même de raies. L'Ouadi Al-Hitan, ou « vallée des Baleines », endroit situé au sud-ouest du Caire, en Égypte, doit son nom à ces trouvailles.

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Ouadi Al-Hitan, Égypte

Un réseau souterrain d’envergure

Il n’y a pas que le lac Méga-Tchad qui a été découvert par satellite : un immense réseau de rivières anciennes se trouve également sous le sable du Sahara. La majorité de ces cours d’eau sont situés dans la partie ouest du désert. On y note la présence d’un long fleuve, le Tamanrasset. Celui-ci s’étendait sur près de 1 500 km avant de se jeter dans l’océan Atlantique. À l’époque, ce fleuve était le plus long de la Terre. Aujourd’hui, le Nil est presque cinq fois plus long que le Tamanrasset. À titre comparatif, le fleuve Saint-Laurent a une longueur de 1 179 km. La longueur exacte de ce fleuve ancien est toujours débattue dans la communauté scientifique.

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De nos jours, le fleuve Tamanrasset est enseveli. Seulement une commune algérienne porte son nom.

Aujourd’hui, l’eau du Sahara se manifeste par des oasis permanentes ou temporaires. Les seuls villages que l’on retrouve dans ce désert sont justement situés aux abords de ces petits plans d’eau. Les scientifiques estiment que la quantité d’eau présente dans le Sahara est équivalente à une petite mer, sans donner de quantité précise.

La biodiversité du Sahara de nos jours

Malgré cette perte fulgurante d’eau, la biodiversité du désert du Sahara reste tout de même variée. On y estime à 500 le nombre d’espèces florales, majoritairement celles qui résistent au temps sec et à la chaleur. Ces végétaux ont aussi la capacité de puiser l’eau du sol et de l’emmagasiner dans leurs feuilles. Pensez au cactus par exemple ! Cette façon d’absorber l’eau est indispensable puisque les pluies sont très rares dans le Sahara. Si la majorité de celui-ci reçoit une vingtaine de millimètres annuellement, certains endroits ne reçoivent aucune goutte pendant 100 ans. Le centre du désert est là où il ne pleut pratiquement jamais alors que ce sont les montagnes qui voient le plus de précipitations.

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La faune aussi a vécu un déclin lorsque le Sahara a perdu sa verdure pour devenir désert. Auparavant, en plus des espèces aquatiques, on y retrouvait des alligators, des lions, des girafes et des hippopotames, entre autres. Ces animaux sont retrouvés dans les œuvres d’art de l’époque. Aujourd’hui, on ne compte qu'environ 70 espèces animales, dont la majorité d'entre elles sont des serpents, des rongeurs et des arachnides, comme le scorpion. Fait intéressant : le chameau, emblème de ce désert, a été introduit par l’humain. Ce n’est pas un animal indigène du Sahara.

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Ces espèces doivent résister aux grandes variations de température et pouvoir vivre sans eau pendant plusieurs jours. Il n’est pas rare que les températures atteignent 50 °C dans le Sahara, avec une moyenne annuelle de 30 °C. Avec des nuits sèches, sans humidité et souvent dénuées de couverture nuageuse, il n'est pas rare de voir les températures chuter sous le point de congélation une fois le soleil couché.

L’époque verte du Sahara est toujours étudiée par la communauté scientifique. Plusieurs se demandent si les animaux qui y broutaient l’herbe ont contribué à assécher l’endroit ou, au contraire, ont prolongé sa verdure d’environ 500 ans. Un autre débat se situe au niveau de la Mauritanie, berceau de la structure Richat, une formation géologique composée de cercles parfaits. La question qui lui est associée est bien simple : qu’est-ce ?

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Malgré toutes ces découvertes, le Sahara nous cache encore bien des choses sous son sable !


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