Été 2020 : Les glaciers du monde marqués au fer rouge

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) et son réseau international de surveillance de la cryosphère ont produit un nouveau rapport sur l’état des volumes de neige des glaciers, des inlandsis, des banquises, des icebergs et de la glace de mer, pour l’été 2020 dans l’hémisphère Nord. Encore une fois cette année, l’Arctique a été malmené. Celui-ci est pris dans un cercle vicieux sans fin. Plus il fait chaud en Arctique, plus la glace fond et plus celle-ci disparaît, plus l’Arctique se réchauffe. D’autres régions, y compris au Canada, ont aussi subi les contrecoups d’une saison estivale anormalement chaude.

Des records qu’on croyait inatteignables

Le 20 juin 2020, la ville de Verkhoïansk en Sibérie a vu le mercure atteindre 38 °C, une première pour une ville située au nord du cercle polaire. À titre d’exemple, Montréal n’a jamais vu le mercure dépasser 37,6 °C. Non seulement il s’agit d’une valeur record, mais la ville a aussi connu, selon le Service météorologique russe, dix journées à plus de 30 °C entre le 1er et le 20 juin 2020. De plus, puisque le cercle polaire voit le soleil presque toute la journée durant le mois de juin, l’écosystème n’a pas pu connaître de répit la nuit, moment où, normalement les températures chutent un peu.

L’archipel du Svalbard, au nord de la Scandinavie, a quant à lui battu un record vieux de 41 ans en atteignant plus de 21 °C. Même chez nous, la deuxième station d’observation canadienne la plus au nord après Alert a vu le mercure atteindre 21,9 °C le 11 août. Cette station est située sur l’île d'Ellesmere, là même où la dernière calotte glaciaire canadienne intacte a cédé à la fin juillet. Entre le 30 et le 31 juillet, plus de 40 % du plateau de glace Milne s’est détaché et est parti à la dérive. Cette portion du glacier est plus grande que la superficie de l’île de Manhattan.

Les Alpes ont aussi vu leurs paysages changer

Toujours selon le rapport de l’OMM, plusieurs glaciers des Alpes en ont pris pour leur rhume. Depuis le début du XXe siècle, les Alpes voient leurs températures grimper de 2 °C. Ce processus est accéléré par la disparition des neiges éternelles. Quand celles-ci fondent, des formations rocheuses sont alors exposées. Ces formations absorbent plus facilement le rayonnement solaire, augmentant ainsi le rythme de la fonte. En juillet, la petite ville de Ayze, située dans le massif du Mont-Blanc, a enregistré plus de 40 °C. En Suisse, le glacier de Tourtemagne s’est scindé en deux et a perdu 300 000 mètres cubes de glace au début du mois d’août.

Le massif du Mont-Blanc a aussi été malmené du côté italien. Depuis deux ans, les autorités craignent que le glacier Planpincieux ne s’écroule. Même si cela ne s’est pas encore produit, le glacier a accéléré son mouvement. Il s’est mis à avancer à environ un mètre par jour, forçant l’évacuation préventive des résidents et des hôtels de la région. Le glacier a perdu 500 000 mètres cubes de glace cet été.

Le 21 juin, les images satellites montraient que de nombreuses avalanches de neige, de glace et de roches avaient lieu dans le lac glaciaire de Jinwuco au Tibet. Le 25 juin, la moraine qui retenait l’eau du lac a cédé. Sept millions de mètres cubes d’eau ont alors déferlé les pentes de la vallée et endommagé de nombreuses structures en plus d’être responsables de pertes de vie. Conclusion

L’OMM conclut que l’été 2020 va laisser une marque indélébile sur la cryosphère. Une tendance qui ne peut pas être renversée dans un climat comme celui que nous connaissons maintenant. L’Organisation souligne également que chaque lac glaciaire qui cède met à risque des vies et des infrastructures, qui souvent sont essentielles aux communautés plus reculées et, en général, moins nanties.