Le Québec gère-t-il mal ses zones inondables ? Réponse ici.

L’urbaniste et professeure à l’Université de Montréal Isabelle Thomas est catégorique : le Québec devra revoir ses pratiques d’aménagement du territoire en zones côtières.


En plus des facteurs météorologiques et climatiques, l’aménagement des zones inondables figure aussi parmi les facteurs à considérer pour réduire la récurrence d’inondations majeures.

Au Québec, les zones inondables sont définies en fonction d’une cote de récurrence des inondations de 20 ans ou de 100 ans. « Elles correspondent aux limites des crues qui ont respectivement 1 chance sur 20 (5 % de chance) et 1 chance sur 100 (1 % de chance) de se produire chaque année », peut-on lire dans la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables du gouvernement du Québec. Cette délimitation ne veut pas nécessairement dire que les inondations affecteront tout le monde situé dans la zone inondable à chaque fois. De plus, les habitations situées à l’extérieur de la zone peuvent aussi être affectées.

« Normalement, on n’a pas le droit de construire dans la zone 0-2 ans et dans la zone 0-20 ans », précise Isabelle Thomas.

Un aménagement « à revoir »

Une grande révision s’impose, selon Mme Thomas. « On devrait vraiment avoir une réflexion de fond sur l’aménagement du territoire sur les bords des rivières et aussi à l’échelle des bassins versants, des aires métropolitaines et des villes afin de comprendre ce qu’on peut faire avec ces zones extrêmement fragiles qui sont inondées année après année », estime Isabelle Thomas.

Une relocalisation des citoyens les plus vulnérables, situés dans les zones fragiles, ainsi que la construction de bâtiments pouvant cohabiter avec l’eau pourraient faire partie de la solution.

« On a des outils comme la protection des milieux hydriques et celle des milieux humides, en plus de la recréation de ces milieux à différentes échelles. On peut déjà recréer la nature pour arriver à avoir des zones tampons qui ne sont pas juste des infrastructures », explique Isabelle Thomas.

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Une meilleure gestion du risque

Selon le collectif Ouranos, une société est gagnante sur toute la ligne si elle investit dans une meilleure gestion du risque plutôt que d’agir uniquement sous la contrainte de l’urgence.

« Il est estimé que chaque dollar investi en prévention se traduit par une économie de six dollars en gestion de l’urgence », peut-on lire dans le document «Les inondations dans un contexte de changements climatiques», publié en 2018 par le collectif Ouranos.

De plus, les mesures prises sous le coup de l’urgence ne sont pas nécessairement les plus efficaces. « Dans plusieurs situations, les mesures de protection (digue, enrochement, artificialisation des berges) sont à reconsidérer puisqu’elles ont souvent pour effet d’amplifier les risques d’inondations » est-il écrit dans l’avis publié par Ouranos.

Le collectif Ouranos et Mme Thomas sont d’ailleurs d’accord sur un point : le développement de meilleures connaissances doit se faire de manière collective. « La sécurité civile est la responsabilité de tous, autant du citoyen que de la municipalité, que du gouvernement », affirme Isabelle Thomas.


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