Le déluge du Saguenay : 250 mm d’eau en 48 heures

En juillet 1996, une dépression va élire domicile au Québec et y stagner. En deux jours, l’équivalent de 250 mm de pluie va s'abattre sur la région. Même si on a baptisé l’événement « Le déluge du Saguenay », les impacts se sont fait sentir jusque sur la Côte-Nord. Un rapport du gouvernement, émis après les faits, a qualifié cette dépression d'immense machine à pluie. Pas moins de 10 personnes y ont perdu la vie.

Une fois tous les 10 000 ans

Le début du mois de juillet 1996 a été particulièrement arrosé dans la région du Saguenay. Il a plu 10 jours sur les 15 premiers jours du mois. Déjà, avant le début du déluge, le sol était saturé en eau. Les réservoirs des barrages hydroélectriques de la région étaient pleins. De plus, quelques jours avant le drame, les restes de l’ouragan Bertha avaient frappé la côte est américaine. La masse d’air humide qu’elle a transportée a nourri la dépression qui a été responsable du déluge. Tout était en place pour créer une catastrophe majeure.

Le 18 juillet, une dépression traverse les Grands Lacs, passe sur Montréal et se blottit au contrefort des Appalaches. C’est alors que la dépression connaît un développement explosif. Puis, elle ralentit sa course au-dessus du Maine, faisant en sorte que les zones de précipitations les plus intenses couvrent le centre et l’est du Québec. Les orages, imbriqués dans la dépression, et la topographie de la région ont eu pour effet d'augmenter significativement les quantités de pluie enregistrées.

Le système a déversé entre 50 et 100 mm de pluie sur le sud du Québec. La région de Saguenay a, quant à elle, reçu jusqu’à 250 mm par endroits. Non seulement les quantités ont été importantes, mais toute cette pluie a ruisselé vers les lacs, les rivières et les bassins hydroélectriques, faisant monter drastiquement leur niveau. Les débordements étaient inévitables. Cette quantité de pluie représente deux fois ce que la région reçoit pendant un mois de juillet normal. Selon les experts, un événement comme celui-là possède une fréquence de récurrence d’une fois tous les 10 000 ans.

À voir : l'histoire de la petite maison blanche

Le 20 juillet, c’est l'apocalypse

Toute la pluie tombée sur la réserve faunique des Laurentides a ruisselé dans le lac Kénogami, qui débordait déjà. Le niveau, dangereusement élevé, a forcé Hydro-Québec à ouvrir les vannes du barrage Portage-des-Roches à Laterrière. Malheureusement, il était déjà un peu trop tard, car des brèches s’étaient formées dans certaines digues près de Chicoutimi.

Environ deux mètres d’eau ont déferlé sur la ville. Les autorités savaient que la vague, causée par l’ouverture des vannes, allait mettre à risque la population de Chicoutimi. Sachant que cette vague allait prendre un peu plus de deux heures à rejoindre la ville, les autorités ont utilisé ce temps pour prévenir et évacuer tous ceux qui se trouvaient sur la trajectoire de l’eau. La vague allait tout emporter sur son passage, sauf l’emblématique petite maison blanche.

La digue du lac Ha! Ha! a cédé, et la rivière du même nom a dévasté une grande partie de la ville de La Baie. Cette rivière, qui avait été détournée pour faire place à un nouvel aménagement urbain, a repris son tracé initial en dévastant tout sur son passage. C’est dans ce secteur du Saguenay que périrent deux enfants de 7 et 9 ans. Un glissement de terrain a arraché de ses fondations la maison familiale, exposant le sous-sol où ils se trouvaient.

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Les trois occupants d’un voilier qui tentaient de rejoindre Tadoussac ont également péri dans la tempête. Le plus grand nombre de décès, causés par le déluge du Saguenay, est survenu sur la Côte-Nord. Plusieurs ponceaux de la route 138, entre Tadoussac et Sept-Îles, ont cédé. La crevasse située près de Baie-Trinité a emporté quatre personnes qui prenaient place dans deux véhicules. Une femme qui tentait de porter secours à d’autres automobilistes plus à l’est sur la 138 a été emportée par une coulée de boue. En tout, le déluge du Saguenay a fait 10 victimes.

En 1996, le déluge était la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l’histoire du Canada. On évalue la facture à un milliard de dollars. Au total, 16 000 personnes ont été évacuées et 500 maisons complètement détruites.

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