Le Noël blanc est-il en voie de disparition au Québec?

« Noël, mon beau rêve blanc », dit le classique du temps des fêtes. Justement, un Noël blanc au Québec est de plus en plus un rêve qu'une réalité. Explications.


Noëls verts

Au cours des dernières années, il y a eu plusieurs Noëls où il y avait plus de neige sur le sapin du salon que celui à l'extérieur. On parle de plus en plus de Noëls verts, et pas parce que les célébrations sont carboneutres. Commençons par définir précisément un Noël blanc. En termes météorologiques, pour qu'un Noël soit considéré comme blanc, il faut que le sol soit couvert de 2 cm de neige. Et 2 cm de neige, c'est bien peu.

S'attendre à l'inattendu

Et pourtant, le suspense se fait de plus en plus grand chaque année : aurons-nous un Noël blanc? On observe de plus en plus de fluctuations de températures et de régimes météo typiques de l’installation de l’hiver en décembre. Le jeu de la chaise musicale est devenu populaire entre redoux et bordée de neige, entre bourrée de pluie et poussée de froid. L’inattendu fait maintenant partie du jeu. Ça devient de plus en plus souvent une prévision juste de dernière minute. Sauf lors des années où la neige tombe en abondance en décembre; les plus vieux diront peut-être « comme dans l’ancien temps ». Sauf qu'ils ont raison : la fréquence de Noëls blancs est bel et bien en diminution.

La pluie qui gâche tout

Une bonne bordée de neige en décembre n'est plus un gage assuré de Noël blanc. Un exemple frappant : l'an 2000. En décembre cette année-là, une bordée de neige avait fait en sorte que le 15 décembre, 22 cm de neige recouvraient le sol à Montréal, soit une couche semblable à celle de cette année. Deux jours plus tard, une dépression a amené 35 mm de pluie, les températures sont restées au-dessus du point de congélation durant 34 heures, atteignant presque la barre des 10°. Les vents ont fait leur part, avec des rafales à 100 km/h. Le 20 décembre, soit cinq jours après une importante bordée, la neige avait disparu et on était de retour à la case départ. Tout restait à faire pour un Noël blanc qui a finalement eu lieu, mais in extremis.

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Une tendance lourde

La tendance au réchauffement observée en décembre se traduit par une hausse des journées de redoux. On observe une hausse marquée du nombre de journées où les températures montent au-dessus du 0° en décembre. Quand on compare les 30 dernières années avec les 30 années précédentes, il s'agit d’une hausse de 26 % à Montréal. Entre 1961 et 1990, le mercure dépassait le point de congélation 11 jours en moyenne au cours du mois de décembre. Entre 1991 et 2020, cette marque est atteinte en moyenne 14,8 jours durant le même mois. La moitié des journées de décembre voient des températures propices à la fonte de la neige. Il n'est donc pas étonnant que le tapis blanc soit mince, voire inexistant.

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Les chiffres ne mentent pas

Au cours des 30 dernières années, le sud du Québec a vécu 11 Noëls verts, soit plus d'une fois sur trois. Sur les 35 Noëls entre 1955 et 1990, seulement 7 ont été verts. En se fiant à la tendance des 30 dernières années, Montréal n'a donc que 67 % des chances d'avoir un Noël blanc. À Sherbrooke, cette probabilité est de 77 %, alors qu'elle est de 93 % à Québec. Vous voulez vous assurer de vivre un Noël blanc? Nul besoin d'aller jusqu'au pôle Nord. Le Saguenay obtient une note parfaite depuis 1990. Tous les Noëls y ont été blancs.

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Du vert partout

Si vous croyez que la situation est identique dans des régions notoirement froides de la province, détrompez-vous. Gaspé a eu un Noël vert en 2001 et 2018. À Sept-Îles en 2009, pas de neige pour Noël. À Québec ainsi qu'à Val-d'Or, la pelouse était visible le 25 décembre en 2006 ainsi qu'en 2015. En fait en 2015, presque tout le Québec était vert le 25 décembre. De Val-d’Or à Sherbrooke, en passant par Québec, Montréal et Gatineau 82 % des Québécois avaient plus l'esprit au vélo qu'au ski.

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Une moyenne à la baisse

Il y a encore plus de Noëls blancs que de vert à travers la Belle Province. Mais le couvert neigeux suit une tendance clairement à la baisse. Avant 2000, on pouvait mesurer en moyenne 13 cm de neige au sol à Montréal le 25 décembre. Depuis 2000, la moyenne est de 9 cm. À Québec, on est passé de 38 cm à 25 cm en moyenne depuis 2000. À Val-d'Or, la baisse a été de 38cm à 28 cm. À Gaspé, l'écart est beaucoup moins prononcé. La moyenne est passée de 22 cm avant 2000 à 21 cm depuis.

La réponse après la pause

Une autre caractéristique observée au cours des dernières années , ce sont les trous dans le Noël blanc. Ainsi en 2009 Sept-Îles va connaître son seul Noël vert. Il ne sera d’ailleurs vert qu’à Sept-Îles cette année-là. Le dernier Noël blanc sur tout le Québec s'est produit en 2017. La léthargie de cinq années se terminera-t-elle en 2023? Dans « l'ancien temps », on aurait pu faire cette prévision au moins une semaine à l'avance. Cette année, ça risque d'être encore une fois une affaire de dernière minute.

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