Déficit de glace sur les Grands Lacs : les conséquences sur le Québec

Malgré un léger rattrapage très récent du niveau de la glace sur les Grands Lacs, cette carence a des répercussions jusque chez nous. Explications.

Un effet sur le mercure

L’ouest du Canada vient tout juste de sortir d’une vague de froid extrême : un impressionnant -51 degrés Celsius a été enregistré dans la région de Keg River au petit matin le 14 janvier. Edmonton a d’ailleurs connu la journée la plus froide de son histoire depuis le début des récoltes de données météorologiques. L’ancien record absolu de bas maximum de -33,8 enregistré en 1996 a été pulvérisé par la nouvelle marque de -34,4 degrés Celsius observée le 12 janvier.

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Bien que cette immense masse d’air froid soit maintenant bien installée sur le Québec, elle n’est pas aussi mordante qu’elle l’a été la semaine dernière chez nos voisins des Prairies. Une des raisons est assez surprenante : la masse d’air arctique est passée par-dessus les Grands Lacs avant sa venue sur la province. La surface de ces géantes étendues d’eau étant presque totalement démunie de glace, l’air glacial s’est réchauffé en les traversant. En gros, l’air froid venu de l’ouest s’est atténué puisque la température de l’eau est, de façon générale, plus élevée que celle de l’air en hiver.

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Par conséquent, les températures observées présentement au Québec sont plus clémentes que celles enregistrées dans l’ouest la semaine dernière. Rappelons que même si les températures sont sous les normales saisonnières au Québec, disons qu’elles demeurent loin des -50 degrés Celsius.

Un effet sur les précipitations

Un faible pourcentage de couverture de glace sur les Grands Lacs a aussi des conséquences directes et indirectes sur les précipitations. Le phénomène de bourrasques de neige côtières est directement lié à une couverture déficitaire : des villes comme Buffalo situées en bordure du lac Érié sont souvent sujettes à de grandes quantités de neige en très peu de temps.

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Au Québec, les conséquences sont liées indirectement. C'est-à-dire que malgré la distance, les Grands Lacs ont une influence sur les précipitations. Lorsque le couvert de glace est aussi bas, les systèmes qui proviennent de l’ouest se gorgent de l’humidité des Grands Lacs sur leur passage. Les quantités de précipitations apportées par ces systèmes au Québec sont donc plus élevées qu’à la normale.

Un retard qui persiste?

Jusqu’à tout récemment, le niveau de glace était si bas sur les Grands Lacs qu’il était presque inexistant : au total, seulement 2,4 % de la surface était gelée le 13 janvier.

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Heureusement, la descente d’air arctique sur le continent nord-américain a permis de rattraper partiellement ce retard. Le lac Érié en est un bon exemple. La semaine dernière, aucune trace de glace n’était visible sur la totalité du lac. Depuis le 19 janvier, la glace recouvre plus de 22 % de la surface totale. N’oublions pas que le lac Érié est le moins profond des cinq, ce qui fait en sorte que le processus de glaciation s’effectue plus rapidement.

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À ce temps-ci de l’année, la surface des Grands Lacs devrait être recouverte de glace à plus de 20 %. Malgré le certain rattrapage des derniers jours, l’écart à combler demeure présent. En date du 19 janvier, seulement 12,3 % de la surface des lacs est gelée.

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