Été 2023 : cela pourrait être la fin d'une ère

Si le phénomène El Niño a un effet plus négatif sur la prochaine période estivale, l'été 2023 pourrait marquer la fin d'une séquence heureuse au Québec. Analyse.


Tendance lourde

À Montréal, les cinq derniers étés se sont distingués par des températures au-dessus de la normale. Donc, une séquence de cinq saisons estivales chaudes pour la métropole. Est-ce possible d'en enfiler une sixième de suite ? Selon Réjean Ouimet, météorologue, si cela se produisait, il s'agirait d'une première.

« Les années se suivent, mais la machine climatique a plus ou moins tendance à se répéter fidèlement, raconte Réjean Ouimet. La plupart du temps, on peut retrouver un tandem d’une même saison de couleur semblable. Des étés chauds en enfilade, on en a déjà vu. De fait, tous les étés depuis 2018 ont été nettement plus chauds que la moyenne dans plusieurs régions du Québec, mais c'est un cas unique. Une séquence de six étés chauds qui se suivent, c’est du jamais vu. »

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Des étés très chauds

Les mécanismes qui influencent l'été au Québec sont nombreux. En effet, le vortex polaire, la crête au Groenland, celle de l'Alaska, l'anticyclone des Bermudes, El Niño et La Nina, tous ces phénomènes peuvent agir avec plus ou moins d'insistance et moduler l'allure de notre saison. Pour profiter de la chaleur, le crétage près de la côte est américaine devient un allié précieux. Du reste, dans la séquence qui nous intéresse à Montréal, des températures particulièrement chaudes ont été observées. Trois de ces étés se sont classés parmi les cinq plus chauds de l'histoire.

« L’anomalie de chacun de ces cinq étés a été de 0,5 degré ou plus au-dessus de la normale, note Réjean Ouimet. Aucune autre séquence de ce genre n’a été observée depuis 1942 à Montréal. »

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Des séquences récentes

La séquence d'étés chauds s'élève à 7 du côté de Gaspé. Donc, depuis 2016, cette ville n'a pas connu d'été plus frais que la normale. Est-ce que d'autres suites semblables ont été observées auparavant ? Comme le note Réjean Ouimet, la nouvelle réalité climatique du Québec change la donne :

« Il est intéressant de noter que les étés chauds en séquences furent plus rares avant les années 1990. On a connu des étés chauds, mais moins systématiquement à des valeurs extrêmes. La séquence en cours, si elle est admirable en durée, elle l’est aussi par son intensité. Trois des cinq derniers étés sont dans le top 5 des étés les plus chauds des 80 dernières années à Montréal. »

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