Malgré un déclin mondial des insectes, les moustiques se portent bien

En compilant les résultats de 166 études de longue haleine, réalisées entre 1925 et 2018, une étude allemande conclut que 24 % de la biomasse d’insectes terrestres avaient disparu en 30 ans. Mais pour ce qui est des insectes aquatiques ou qui vivent une partie de leur vie dans l’eau, comme le moustique, leur biomasse a augmenté de 38 % pour la même période.

Biomasse d’insectes

C’est l’unité de mesure lorsqu’on parle de populations d’insectes. Il serait impossible de compter le nombre d’individus, alors on parle plutôt de l’ensemble d’une population en faisant référence à sa biomasse. Un consortium de membres de nombreuses universités a voulu brosser un portrait exact des populations d’insectes dans le monde, puisque certaines études parlaient d’hécatombe dans la majorité des populations d’insectes et que d’autres concluaient que leur biomasse avait plutôt augmenté.

Dans le cas des insectes terrestres (ceux qui passent toute leur vie sur la terre ferme comme les papillons, les sauterelles et les fourmis), le consortium conclut que leur population a diminué de 0,92 % par année. Ce chiffre semble bien mince, mais cela représente 24 % en 30 ans. En extrapolant leurs résultats, c’est 50 % de perte en 75 ans. Pour leur part, ceux qui vivent, en partie ou totalement dans les milieux aquatiques, ont vu leur biomasse augmenter de 1,02 % par année.

En analysant les résultats de nombreuses recherches faites sur différents habitats, ils ont démontré que la biomasse des insectes qui vivent dans l’herbe et au sol avait diminué, mais que les populations qui vivent dans le sol ou dans l’humus des forêts étaient restées stables. Pour expliquer l’augmentation de la biomasse des insectes vivant complètement ou partiellement en milieux aquatiques, les chercheurs notent que plusieurs actions portées depuis 50 ans, sur les cours d’eau pour les dépolluer, avaient porté fruit.

Moustiques, mouches à chevreuil et brûlots

Les Québécois connaissent bien ces petits êtres méprisés de tous. Si on applique les conclusions de cette recherche, notre moustique aurait vu sa population augmenter, car les chiffres qui ressortent de l’analyse ont surtout été observés en Amérique du Nord et en Europe. Et puisque les moustiques commencent leur vie en milieux aquatiques, ils font partie de la catégorie dont la population a augmenté, selon l’étude. Les mouches à chevreuil, bien connues pour leurs morsures douloureuses, se développent aussi en milieu aquatique ou semi-aquatique. Leur biomasse n’est donc pas à la baisse. Quand aux brûlots, qui pondent leurs oeufs dans des matières en décomposition, ils n’entrent pas dans la catégorie des insectes aquatiques.

Il est important de souligner que plusieurs femelles d’insectes aquatiques pondent leurs oeufs dans des endroits où l’eau de pluie s’est accumulée. Le fait que les lacs et les rivières soient moins pollués ne s’applique pas ici. Le risque pour la santé est ainsi à la hausse, car les populations d’insectes piqueurs qui vivent une partie de leur vie dans l’eau ont augmenté, et que ce sont eux qui transportent des pathogènes comme la malaria, la dengue et le chikungunya.