Le mont Royal, un ancien volcan ? Pas si vite

Alex Verville et Josyane CloutierPrésentateur/Créateur de contenu et Rédactrice

Le mont Royal a-t-il déjà été un volcan ? Cette rumeur circule depuis belle lurette. Pourtant, si cette hypothèse semble farfelue, elle n’est pas totalement sortie de nulle part non plus.


Soyons clairs : le mont Royal n’a jamais été un volcan crachant lave et cendres partout dans le ciel de Montréal. La vérité, c’est qu’il aurait peut-être pu le devenir. En effet, le mont Royal fait partie des neuf collines montérégiennes au Québec, qui font tache dans le relief assez plat de la vallée du Saint-Laurent : mont Royal, mont Saint-Bruno, mont Rougemont, mont Yamaska, mont Saint-Grégoire, mont Saint-Hilaire, mont Mégantic, mont Brome et mont Shefford. Elles forment une ligne relativement droite d’ouest en est, traversant la Montérégie et une partie de l’Estrie. Elles forment la province géologique montérégienne, de même que certaines dépressions (Iberville, Oka et Saint-André). Ces dernières sont pratiquement enfouies sous les sédiments, et n’ont été découvertes que plus tard grâce à des analyses géochimiques. Il ne s’agit donc pas de collines à proprement parler, bien que leur composition soit similaire.

Elles datent toutes d’entre 140 et 110 millions d’années. Érodées par les intempéries et par les mouvements des glaciers, les montérégiennes ne sont aujourd’hui qu’une fraction de ce qu’elles étaient à l’origine.

Le fruit du volcanisme

Les collines montérégiennes sont ce qu’on appelle un pluton, soit lorsque le magma qui tente de s’échapper est retenu en profondeur dans la croûte terrestre et qui, ce faisant, déforme la surface. Ce type de phénomène peut être engendré par un volcanisme de point chaud.

En effet, la pression est intense au cœur de la Terre, et le magma qui s’y trouve se réfugie dans toutes les brèches possibles. Une faiblesse dans le manteau terrestre peut laisser ce dernier remonter vers la surface, déformant le relief et créant, dans plusieurs cas, des volcans. En raison du mouvement des plaques tectoniques, il est possible d’assister à la naissance d’une succession de collines (puisque si la plaque bouge, la brèche, elle, reste au même endroit). C’est notamment le cas à Hawaï, par exemple, où une série de volcans relativement alignés ont vu le jour dans l’océan Pacifique. Le plus vieux du chaînon de volcan est donc le plus éloigné de la faiblesse. Le point chaud hawaïen est cependant bien actif, et les éruptions y sont pratiquement constantes. Il ne serait pas surprenant de voir d’autres volcans éventuellement émerger du Pacifique, en raison de ce dynamisme volcanique.

Ce serait le même phénomène qui s’est produit au Québec. Toutefois, le magma n’a fait que déformer la lithosphère.

Il est donc possible de retrouver des roches magmatiques dans les collines montérégiennes. Ces dernières n’ont jamais été des volcans actifs, bien que l’idée soit séduisante. Le point chaud peut être considéré comme éteint, et est inactif depuis longtemps. Impossible, donc, que le mont Royal ne devienne un volcan actif du jour au lendemain, et que Montréal soit ensevelie sous la lave.

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Il existe cependant plusieurs théories expliquant l’origine des montérégiennes, et celle-ci, bien que relativement reconnue, n’est pas coulée dans le béton à l’heure actuelle.

Sources : Pierre Bédard, géologue (2001) | Université Laval (Bourque, 2010)


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