La marche d'espoir du Dr Stanley Vollant

Depuis longtemps, le Dr Stanley Vollant rêve d’un idéal : rallier les communautés autochtones. Avec les années, ce désir est devenu Puamun Meshkenu, le chemin des mille rêves. Il nous raconte la voie qu’il a empruntée pour y arriver.

Entre 2010 et 2017, le Dr Vollant a parcouru près de 6000 km du Labrador à l’Ontario, en passant par le Québec. Il a parfois marché seul, d'autres fois accompagné. Sur sa route, il a visité plus de 35 communautés autochtones, donné des conférences et fait des arrêts dans les écoles.

L’idée de cette grande aventure lui est venue en 2008 en Espagne, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.

« J’ai fait un rêve très puissant où mon grand-père m’a dit de revenir au Québec pour organiser une grande marche. Je me voyais avec mon sac à dos et parler aux jeunes des communautés pour essayer de les aider à prendre leur vie en main, de retrouver leur fierté et leur sentiment d’appartenance. Je veux qu’ils croient en leur potentiel et qu’ils réalisent leurs rêves. » - Dr Stanley Vollant

Au fil de ces milliers de kilomètres, un bâton l'accompagne. Il est devenu le symbole avec lequel les jeunes qu’il rencontre connectent.

« Avec mon bâton, je collectionne les rêves. Plus de 20 000 secrets ont été partagés en silence. Les jeunes et les moins jeunes touchent le bâton, se ferment les yeux et font leur souhait. Le rêve qui revient le plus souvent est l’envie de réussir. »

Le petit Stanley a grandi aux abords du fleuve Saint-Laurent, à Pessamit, près de Baie-Comeau sur la Côte-Nord. Entouré de ses grands-parents maternels qu’il adore, il rêve de devenir archéologue. Ensuite, c’est plutôt l'ingénierie qui l’intéresse.

Par contre, un soir où il fait la fête avec des amis dans un bar de Pessamit, un homme le félicite pour son admission à l’école de médecine. Voilà. Le rêve venait de naître. Même si sa peur des cadavres et du sang lui ont fait perdre connaissance deux fois au début de son parcours, le Dr Vollant deviendra, quelques années plus tard, le tout premier chirurgien autochtone québécois. Une grande fierté pour sa communauté.

« Un des messages que j’aime bien dire aux jeunes, c’est sachez qui vous êtes. Sachez qui sont vos ancêtres. Ça va vous aider à vous projeter dans l’avenir. Moi j’ai été élevé par mes grands-parents selon un mode de vie assez traditionnel et ils m’ont transmis leur savoir. Ils étaient des chasseurs et des pêcheurs et ma grand-mère avait des dons de guérisseuse. J’ai une solide base culturelle et ça m’a permis de bien m'ancrer au sol et de rêver grand. »

En 2016, le Dr Vollant crée l’organisme à but non lucratif Puamun Meshkenu pour permettre aux autochtones de développer leur plein potentiel.

Le contenu continue ci-dessous

« J’ai trois objectifs qui sont très très clairs pour moi : inspirer les jeunes, apprendre des aînés et aussi rétablir des ponts entre les Autochtones et les non-Autochtones. »

Même si le Dr Stanley Vollant n’a pas vécu dans l’un de ces pensionnats, ces traumatismes du passé sont bien ancrés dans son ADN et il est déterminé à en guérir. Car pour lui, la guérison passe par les nouvelles générations pour que cesse le cercle vicieux.

« Mes grands-parents l’ont vécu, ma mère l’a vécu et même si moi je n’y suis pas allé, cette douleur-là est en moi. Elle est transgénérationnelle. De marcher comme on le fait, on maintient le dialogue ouvert et inclusif entre les communautés autochtones et non autochtones. C’est l’occasion de réfléchir sur le chemin parcouru jusqu’ici et d'entamer notre processus de guérison collective. »

« J’espère que les chemins de nos rêves se croiseront et que nous pourrons créer un monde où tous pourront développer leur plein potentiel, peu importe la couleur de la peau, de leurs langues, de leurs cultures ou de leurs religions. Un monde où les jeunes et les moins jeunes vivent en respect mutuel et en paix. Merci, Meegwetch, Tshinashkumitin »

Sans vérité, nous ne pouvons guérir, et sans guérison, nous ne pouvons nous réconcilier.

Les courageux marcheurs
  • En juillet 2022, Puamun Meshkenu a organisé une première grande marche de la solidarité. Plus de 275 km ont été parcourus entre la communauté innue de Mashteuiatsh et les Plaines d’Abraham, en passant par Wendake.

  • La deuxième édition a lieu en ce moment. Depuis le 23 septembre, jusqu’au samedi 30 septembre, Journée nationale de la vérité et de la réconciliation ( https://www.canada.ca/fr/patrimoine-canadien/campagnes/journee-nationale-verite-reconciliation.html ), c’est près de 300 km qui seront parcourus entre Pessamit et Uashat Mak Mani-Utenam. Une marche pour promouvoir la guérison et la réconciliation.

« À cœur vaillant, rien d’impossible » - Dr Stanley Vollant