ONU : réduire les émissions de méthane est prioritaire

Un récent rapport de l’ONU conclut que de s’attaquer aux émissions de méthane en premier est la façon la plus rapide de freiner le réchauffement global.

CO2 VS CH4

Si le CO2 est le gaz à effet de serre le plus présent dans notre atmosphère, le méthane (CH4) est, quant à lui, celui qui a le plus grand pouvoir de réchauffement. La grande différence se trouve dans la durée de vie de ces deux éléments. Le CO2 restera dans notre atmosphère plus de cent ans, le méthane, quant à lui, se décomposera après une décennie. C’est pourquoi le rapport propose de stopper les nouvelles émissions de CH4 et ensuite de réduire leur concentration dans l’atmosphère. Ainsi dans seulement dix ans, on pourrait déjà voir les résultats.

Plusieurs sources de méthane

On propose de couper en premier les émissions de méthane du secteur de l’énergie fossile. Les puits de gaz naturel sont en général mal scellés et laissent échapper une bonne quantité de ce gaz. En bouchant toutes les fissures correctement, tous seraient gagnants. Les compagnies récolteraient plus de gaz naturel, car il n’y aurait plus de fuites, donc gain et profit pour les entreprises, et l’atmosphère verrait une diminution des émissions. Le méthane est responsable de 30 % du réchauffement de la planète depuis l’ère pré-industrielle.

Trois secteurs d'activité sont responsables de la majorité des émissions de méthane : le combustible fossile, l'enfouissement des déchets et l’agriculture. L'extraction du gaz et du pétrole compte pour 23 % des émissions de méthane et celle du charbon pour 12 %. 20 % sont imputables aux sites d’enfouissement, tandis que 32 % viennent de l’élevage et 8 % de la culture du riz.

Gaz naturel riz

Crédit : Rapport du CCAC, ONU

Selon le rapport rédigé par la Coalition pour le climat et la qualité de l'air en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l'environnement, il est tout à fait envisageable de réduire nos émissions de méthane de 45 % d’ici dix ans. Ce qui aurait pour effet d’éviter une hausse de la température globale de 0,3 °C d’ici 2040. Si la température mondiale monte de 0,3 °C, cela représente une hausse de 0,6 °C pour le Canada, car les régions près des pôles se réchauffent deux fois plus que la moyenne globale. Ce chiffre peut sembler insignifiant, mais le climat mondial s’est réchauffé de 1,1 °C depuis le début de l’ère industrielle, soit en près de 150 ans. Ici, on parle de 0,3 °C, mais en 20 ans, ce qui est deux fois plus important.

De plus, le méthane est un élément clé dans la formation d’ozone de bas niveau. Non seulement l’ozone de bas niveau est un gaz à effet de serre, mais il est aussi nocif pour la santé. Le rapport conclut qu’une diminution de 45 % de ces émissions éviterait 260 000 pertes de vie prématurées, 775 000 visites à l'hôpital pour des cas d'asthme, 75 milliards d’heures non travaillées à cause de la chaleur et 25 millions de tonnes de récoltes perdues chaque année.

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Selon Drew Shindell, professeur à l’université Duke et président du panel qui a rédigé le rapport, les bénéfices d’une telle action ne se feront pas que sentir sur le climat, les secteurs de la santé et de l’économie en bénéficieront aussi, d’autant plus que la technologie nécessaire pour réduire les émissions de CH4 existe déjà.