Des villes éponges pour contrer les inondations

Faisant face à des épisodes plus récurrents de précipitations extrêmes, les municipalités québécoises sont appelées à repenser leur aménagement urbain. Les plans de construction doivent notamment être pensés autrement pour mieux absorber et drainer l’eau de pluie. Le concept de ville éponge est adopté dans plusieurs villes dans le monde.

Efficacité des parcs éponges

À Montréal, on multiplie les aménagements de parcs éponges pour mieux gérer les pluies abondantes et éviter les refoulements d’égout. Le huitième parc de ce genre, annoncé récemment à Verdun, sera le plus absorbant de tous. Grâce aux fosses d’arbres drainantes construites le long du parc et aux passages pour laisser couler l’eau vers l’espace vert, ce parc retiendra près de 1 067 000 litres d’eau.

Les experts se réjouissent de ce type d’initiatives, tout en soulignant qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour lutter contre les inondations.

« C’est formidable de voir que Montréal se rend compte de cet enjeu majeur qui est les inondations et commence à développer ses parcs éponges un peu partout dans la municipalité, mais il est vrai que ça doit s’accompagner d’autres stratégies », affirme Isabelle Thomas, vice-doyenne recherche à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal.

Adapter les villes aux changements climatiques

Philippe Gachon, professeur d’hydroclimatologie à l’Université du Québec à Montréal, souligne l’importance d’adapter nos villes rapidement pour faire face aux changements climatiques.

« Plus on fera preuve de coopération et de collaboration, notamment dans le design des infrastructures, plus ça va nous permettre d'accélérer le processus, mais surtout aussi de trouver une façon innovante de réduire cette vulnérabilité que nos infrastructures ont vis-à-vis des précipitations extrêmes », dit-il.

Des fortes pluies récurrentes

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Au cours des prochaines années, les précipitations extrêmes seront plus fréquentes en raison des changements climatiques. Les Villes doivent donc trouver des solutions.

« On va voir des précipitations extrêmes augmenter avec des valeurs qu'on n'a jamais vues dans l'histoire, indique M. Gachon. On l'a vu récemment au Brésil avec des précipitations de plus de 250 mm en l'espace d'à peine 24 heures. On l’a vu à Montréal avec du 75 mm de précipitations le 13 juillet 2023 en l'espace d'une heure et demie. »

S'inspirer de l'international

Ailleurs dans le monde, ce ne sont pas les stratégies innovantes qui manquent pour mieux gérer l’eau de pluie. Mandelieu-la-Napoule en France est un exemple à suivre, selon Isabelle Thomas.

« Les citoyens de Mandelieu-la-Napoule ont accès à des programmes pour adapter leurs bâtiments, explique-t-elle. Ils peuvent mettre par exemple ce qu’on appelle en France des batardeaux, c’est-à-dire des éléments qui vont empêcher l’eau de rentrer. »

En Asie aussi, le concept de ville éponge est bien établi.

« Par exemple, Singapour, qui est une ville au sud de la péninsule malaisienne en contexte tropical équatorial qui reçoit de grandes quantités de précipitations, a non seulement beaucoup de parcs, mais aussi une partie des murs qui est végétalisée pour justement éviter que l'eau ne ruisselle trop rapidement dans les infrastructures », affirme M. Gachon.

Les experts estiment que d’importants investissements de tous les ordres gouvernementaux sont nécessaires pour réaliser des innovations à l’échelle des rues, des quartiers et des villes.

Une conférence portant sur des stratégies novatrices pour rendre les municipalités plus résilientes lors d'épisodes de fortes pluies aura d'ailleurs lieu les 6 et 7 juin à la Faculté de l'aménagement de l'Université de Montréal. Des maires de villes québécoises et françaises échangeront à ce sujet afin de partager leur savoir et trouver des solutions.

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