Des poussières faussent les modèles climatiques

De savoir que l’atmosphère contient des poussières n’a rien d’étonnant, mais de découvrir qu’il y en a quatre fois plus que ce que l’on pensait, ça change tout. La poussière favorise la formation de nuages, modifie la capacité qu’ont les océans de capter et séquestrer le CO2 et influence le rayonnement solaire. Cette découverte faite par des chercheurs de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) remet en question les résultats précédents des modèles qui évaluent le changement climatique.

Des particules de bonne taille

Il est important de préciser que les particules de poussières, auxquelles on fait référence ici, sont d’au moins cinq micromètres. En termes de poussière, il ne s’agit pas de poussières fines, mais bien de grosses poussières. Les modèles utilisés par les chercheurs pour déterminer les effets du changement climatique sur notre planète prenaient en compte que l’atmosphère contenait environ quatre millions de tonnes de poussières de cette taille, mais ils ont découvert qu’elle en contient pas moins de 17 millions de tonnes. Toutes ces particules ont et auront un impact sur la circulation atmosphérique.

Ce type de poussières favorisent la formation de nuages. En effet, pour que la vapeur d’eau se condense et forme de la pluie, il faut un noyau de condensation. Les poussières en suspension dans l’atmosphère contribuent à faire passer l’eau sous forme de gaz (vapeur d’eau) en eau sous forme liquide (pluie). Ces particules stoppent également l’apport de micronutriments comme le fer à la surface des océans, ce qui a pour résultat de limiter la quantité de CO2 que les océans peuvent capter et séquestrer en profondeur. Les océans agissent, pour l’instant comme puits de carbone, et ralentissent le changement climatique causé par nos émissions.

La mauvaise nouvelle climatique

Ces grosses poussières favorisent le réchauffement de l’atmosphère, car elles absorbent le rayonnement entrant du Soleil et celui sortant qui vient de la surface de la Terre. Si les poussières fines ont tendance à disperser la lumière et refroidir l’atmosphère, c’est tout le contraire avec les plus grosses particules. De plus, les chercheurs ont découvert que ces plus grosses particules restent plus longtemps dans l’atmosphère que ce que les modèles estimaient. Précédemment, les modèles comptaient sur le fait que ces poussières retombaient assez vite à cause de la gravité. L’étude a prouvé que les mouvements de l’air emportent les poussières en haute altitude, où elles y restent plus longtemps, favorisant le réchauffement de l’atmosphère dans ses couches supérieures. Selon les conclusions de l’étude, la part du réchauffement climatique imputable aux poussières de forte taille serait 40 % supérieure aux estimés précédents.