Voici comment choisir les plantes et arbres qui résistent au gel

Il suffit de s’aventurer sur le vaste terrain de la Ferme 5 étoiles, à Sacré-Cœur, au Saguenay, pour croiser une mini-forêt qui se dresse au milieu d’un espace plat. Un chemin permet de s’y rendre et de découvrir cette œuvre d’art naturelle appelée « Forêt Authentik ». C’est une fois au cœur de cette minuscule flore qu’on peut lire qu’il s’agit d’une forêt composée de « végétaux qui autrefois n’auraient pas été à l’aise de s’établir ici ».


L’artiste derrière cette œuvre s’est basé sur un outil bien précis pour choisir les arbres qui la composent : les zones de rusticité. Par définition, une zone ou un indice de rusticité correspond à un climat permettant à certains végétaux de pousser et vivre. En d’autres mots, il s’agit de leur capacité de résistance au gel et aux variations de températures. C’est un indice très bien connu des jardiniers, des botanistes et de tous spécialistes des végétaux. Toutefois, vous pouvez aussi vous y familiariser : il y a moyen de devenir 100 % autonome lors de vos achats de plantes… et c’est super simple !

Trouver et comprendre les indices de rusticité

Pour choisir les meilleures plantes pour votre cour et votre jardin, vous devez d’abord savoir dans quelle zone votre municipalité se trouve. Ressources naturelles Canada en dresse la liste ici; ou vous pouvez consulter la plus récente carte ici. Les indices de rusticité sont quantifiés sur une échelle numérique de 0 à 9. Plus le chiffre est élevé, plus l’hiver est doux à cet endroit. Donc, dans la zone 0, aucune végétation ne peut pousser puisque le sol est gelé en continuité. Au Québec, les secteurs au nord de Radisson et de Fermont, approximativement, se trouvent dans une zone 0. À l’autre extrême, dans la zone 9, on pourrait y faire pousser certaines espèces de palmiers à même le sol. Le seul endroit au Canada vivant cette réalité est l’extrême sud de l’île de Vancouver, en Colombie-Britannique. À ce chiffre s’ajoute une lettre : A ou B. Il suffit de se rappeler qu’une classe A est plus froide qu’une classe B. En général, le Québec se trouve entre une zone 0A (extrême nord) et 6B (île de Montréal).

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Zones de rusticité à travers le Canada (2014). Crédit : Ressources naturelles Canada

Une fois que vous avez trouvé dans quelle zone votre municipalité se trouve, il suffit de partir à la recherche de plantes qui peuvent y survivre. Pour ce faire, vous devez vous référer à l’étiquette descriptive du végétal. Il y sera inscrit une seule zone de rusticité, pour les plantes plus fragiles et plus capricieuses, ou un intervalle, pour des végétaux qui résistent à de plus grands aléas météorologiques. Si vous vous procurez seulement des espèces qui s’épanouissent dans votre zone de rusticité, vous vous assurez un jardin vivant et qui fleurira chaque année.


Qu'est-ce qu'une zone de rusticité ?


Un climat en évolution, une végétation en évolution

Ce que l'œuvre « Forêt Authentik » met de l’avant, c’est l’évolution des zones de rusticité. Comme le climat change et tend à se réchauffer, certaines plantes qui ne pouvaient pas pousser en Estrie, par exemple, peuvent maintenant y vivre toute l’année. Entre 2001 et 2014 seulement, tout le Québec s’est vu augmenté d’une unité ou d’une classe, selon la région. Par exemple, cela veut dire que la région de Sacré-Cœur est passée d’un indice de rusticité 3B à 4A, donc un gain d’une classe, pendant que Montréal est passé de 5A à 6A, une augmentation d’un indice complet.

De façon concrète, en 2001, vous auriez pu verdir votre cour saguenéenne de sapins baumiers, de tilleuls d’Amérique et d’ifs du Canada, entre autres. Puis, au fil des années, la région s’est réchauffée quelque peu. Assez pour que depuis 2014, des espèces comme l’érable argenté, le noisetier d’Amérique et le chêne nain puissent grandir et vivre aux côtés des autres végétaux précédemment mentionnés.

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Quelques précisions

Il est difficile d’établir un indice de rusticité très précis puisque plusieurs phénomènes externes peuvent venir modifier le climat de certaines villes, comme les îlots de chaleur à Montréal. Les températures et données utilisées pour établir l’indice de rusticité d’une municipalité sont prises aux stations météorologiques. Considérant ces arguments, Ressources naturelles Canada précise que la différence entre une classe A et B est extrêmement minime. Dans tous les cas, vous fier à cette mesure pour vos vivaces, arbres et arbustes reste un excellent moyen d’améliorer votre jardin.

Pour ce qui est des plantes d’intérieur, l’indice de rusticité importe peu. Toutefois, si vous magasinez des plantes de manière virtuelle, assurez-vous que les zones présentées sont bien celles correspondant à l’échelle canadienne. Aux États-Unis, l’échelle de rusticité est décalée d’une zone. Donc, vous devriez additionner une unité pour vous assurer du bon indice. Fait intéressant, le climat de l’Europe est beaucoup plus homogène qu’au Canada, ce qui fait en sorte qu’il y a très peu de différence entre les indices qu’on y trouve. Si bien que pour eux, une zone 7 est considérée comme une zone froide, tandis qu’ici, c’est trop chaud pour le Québec. Alors qu’au Canada on utilise la rusticité pour trouver la résistance au froid d’un végétal, en Europe, c’est le contraire : on l’utilise pour trouver quelles plantes vont résister à la sécheresse.


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