Pire fonte depuis 1950 au Groenland ?

Au cours de la semaine, des températures au-dessus du point de congélation ont fait fondre la glace à une vitesse fulgurante à la station Summit, au Groenland. Une fonte aussi importante n'était pas attendue avant... 2070.


La station, qui se trouve à plus de 3 000 mètres d'altitude, a enregistré sa première fonte importante depuis 2012. Cette année-là, la fonte très rapide avait causé la destruction des abords d'un pont et empêché la traversée du fleuve près de l'aéroport du Groenland, à Kangerlussuaq.

Les températures sont restées plus de 11 heures consécutives au-dessus du point de congélation. La température maximum aurait même grimpé à plus de 2,7° (record absolu actuel), une donnée encore à confirmer.

Jeudi seulement, 12,5 milliards de tonnes d'eau ont été déversées dans les cours d'eau. Des données obtenues par satellite, recueillies par la National snow & ice data center, ont démontré que plus de 60 % de la surface a fondu, cette journée-là.

Les pertes journalières ont atteint un point qui n'a pas été observé depuis au moins 70 ans.

D'après le chercheur la climatologue Ruth Mottram de l'Institut de météorologie du Danemark (DMI), 197 milliards de tonnes d'eau ont été déversées dans l'Atlantique en juillet. Ce qui est suffisant pour élever le niveau de l'eau de 0,5 mm en l'espace d'un mois selon le chercheur Martin Stendel.

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Source : NSIDC

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De plus, il n'était pas attendu que ce taux de fonte soit atteint avant 2070. Le Groenland pourrait enregistrer sa pire fonte des glaces depuis les années 1950.

Cette fonte a été causée par la vague de chaleur ayant sévi en Europe au début du mois de juillet. Comme les glaciers de cette région sont déjà mis à mal par la hausse globale des températures, cette soudaine chaleur n'aide pas.

Le coupable : la canicule européenne

En effet, une vague de chaleur considérable en provenance de l'Afrique s'est invitée en Europe, à la mi-juillet. Paris a même enregistré un record absolu de 42.6 °C, du jamais-vu depuis 1632, soit depuis que les données météorologiques sont compilées, selon l'Organisation météorologique mondiale. Après avoir fait suer de nombreux pays de l'ouest du continent, cette canicule a migré vers le nord. Au tour de la Norvège, de la Suède et de la Finlande de connaître des températures exceptionnelles. Dans certaines parties de la Scandinavie, les températures ont même dépassé les 34 °C.

Le prochain arrêt de cette masse d'air chaud et humide a été le Groenland. Le mercure est monté à plus de 20°C par endroits. Ces températures hors de l’ordinaire donneraient un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler un été normal en 2050, si la tendance actuelle se maintient.

Rappelons qu'une situation semblable s'est déjà produite en 2012, année au cours de laquelle la couverture de glace a atteint son niveau le plus bas. La NASA avait noté une fonte rapide et généralisée sur l'ensemble du Groenland. Le 8 juillet 2012, l'île avait perdu près de 40 % de sa couverture de glace. Quatre jours plus tard, la fonte frôlait les 97 %...

24 stations automatisées, mesurant régulièrement le niveau des glaces, sont installées un peu partout sur l’île. Plus de la moitié de ces même stations ont déjà enregistré des températures au-delà des 0 °C, ce qui est déjà exceptionnel.

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Celle qui se trouve près de la capitale du Groenland, Nuuk, a mesuré que l’équivalent de 2,54 mètres d’eau supplémentaires se sont retrouvés dans la mer Arctique en date du 31 juillet. Cette marque dépasse légèrement le précédent record de 2012 (qui se chiffrait alors à 2,52 mètres).

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2019 pourrait être pire que 2012

Cette année pourrait bien être pire que 2012. Moins de neige est tombée au cours de l’hiver sur le Groenland : le tapis neigeux est donc moins épais qu’à l’habitude.

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De plus, la fonte des glaces a débuté près d’un mois trop tôt, par rapport à la normale.

L’absorption de la chaleur est également favorisée par la présence de poussières et de cendres sur les glaciers, qui les rendent plus foncés. Le même scénario avait d’ailleurs été observé en 2012 ; des feux de forêt faisaient alors rage en Russie.

Il est toutefois trop tôt pour déterminer si la fonte actuelle entrera dans les annales.

Et si tous les glaciers du Groenland fondaient ?

Si une telle situation se concrétise, cela pourrait avoir de graves conséquences un peu partout sur le globe. Il est actuellement estimé que si toute la glace recouvrant l’île nordique fondait, le niveau des eaux global augmenterait de près de sept mètres. Cela aurait donc des impacts marqués sur de nombreuses villes côtières, comme New-York, en plus de mettre en danger nombre de communautés locales.

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Le Groenland n’est d’ailleurs pas le seul à être touché par cette fonte : tout l’Arctique est aux prises avec une perte des glaces comme il ne s’en est jamais vu.

Les changements climatiques ont donc un effet plus important que précédemment calculé par les scientifiques. Il est toutefois trop tôt pour savoir si les pertes excéderont celles qui ont été enregistrées en 2012. Mais des études ont montré que les périodes de fonte de glace, comme celle de 2012, ont lieu environ tous les 250 ans. Ainsi, celle que se déroule actuellement est tout sauf normale. Selon madame Mottram (DMI), la fonte extrême à court terme est un signe très représentatif de l’influence croissante du changement climatique sur l'Arctique.


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