Changements climatiques : faites ce que je dis pas ce que je fais

Un récent rapport, auquel a participé le Programme des Nations Unies pour l’environnement, a conclu que la production d’énergie fossile augmentera de 110 % d’ici 2030. Ceci va complètement à l’encontre des promesses faites par de nombreux gouvernements lors des négociations internationales annuelles, connues sous le nom de COP. C’est plus de deux fois la production nécessaire pour respecter l’Accord de Paris.

C’est, en effet, lors de ces COP que pas moins de 151 gouvernements du monde entier se sont engagés à atteindre l’objectif « zéro émission ». Pourtant, si on combine les plans futurs de tous ces gouvernements, on connaîtra une augmentation de la production mondiale de charbon jusqu’en 2030 et une augmentation de la production de pétrole et de gaz naturel jusqu’en 2050. Ce qui n’est pas compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris, pourtant signé par 196 pays.

Le rapport conclut qu’on doit complètement stopper la production de charbon, pour produire de l’électricité d’ici 2040 et que l’on doit réduire la production de pétrole de 75 % d’ici 2050 si on veut respecter l’Accord de Paris. Toujours selon le rapport, les pays qui auraient une plus grande facilité à abandonner les combustibles fossiles doivent le faire le plus rapidement possible. Ils doivent, par la suite, venir en aide aux pays qui n’ont pas les moyens de faire ce changement en leur fournissant les ressources dont ils auront besoin afin d’accélérer l’atteinte de l’objectif « zéro émission » mondialement.

Selon Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, on ne peut pas combattre les changements climatiques sans s’attaquer à la cause première de ceux-ci. Les promesses mises sur la table durant les COP sont importantes, mais elles doivent être appuyées par des actions concrètes. Il déplore que plusieurs pays, dont le Canada, continuent d’apporter une aide financière aux compagnies qui produisent de l’énergie fossile.

Les combustibles fossiles n’ont fait que très peu partie des discussions aux COP avant 2021. Pourtant, ils sont la cause première du dérèglement climatique. C’est finalement à la COP 26 que les pays se sont engagés à accélérer leurs efforts pour stopper progressivement l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité et réduire les subventions accordées aux compagnies productrices de combustibles fossiles. Plusieurs pays sont encore loin de respecter leurs engagements.

On va devoir faire très vite si on veut limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C au-dessus des valeurs préindustrielles. Surtout qu’une augmentation mondiale de 1,5 °C se traduira par une augmentation de 4,5 °C au Québec et de 10,5 °C aux pôles. La fonte de l’Arctique a déjà un effet négatif sur plusieurs mécanismes climatiques terrestres. Avec une hausse moyenne de 1,5 °C, dans le meilleur des cas, les répercussions sur les écosystèmes mondiaux seront catastrophiques. Mais imaginez aussi l’impact sur notre économie si le Québec voit une hausse moyenne de la température de 4,5 °C.

Le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), émis le 15 novembre dernier, fait état d'émissions record de CO2 pour 2022 et avance qu’en 2023, elles seront encore plus élevées. Il faut cependant dire que le niveau d’émission de CO2 en 2022 était légèrement plus bas que la moyenne de la dernière décennie. Les émissions de méthane ont également augmenté au cours de la même période.

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La concentration actuelle de gaz à effet de serre dans l’atmosphère nous place bien au-delà de l’Accord de Paris. Il faut donc s’attendre à une augmentation de la fréquence de phénomènes météorologiques extrêmes, comme les vagues de chaleur, les pluies diluviennes, la fonte des glaciers, la hausse du niveau des océans et leurs acidifications, rappelle Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM.

Nos efforts de réduction sont d’autant plus urgents que ces vagues de chaleur favorisent la propagation des feux de forêt. En 2023, les feux au Québec ont émis, à eux seuls, trois fois plus de CO2 dans l’atmosphère que ne le font les Québécois annuellement. Les arbres, qui étaient un allié dans la lutte aux changements climatiques, représentent maintenant un plus grand risque, car, en brûlant, ils augmentent la concentration d’émissions dans l’atmosphère.