Combattre les îlots de chaleur urbains avec de la couleur

Avec les changements climatiques, les problèmes liés aux îlots de chaleur seront de plus en plus graves et fréquents. Une entreprise du New Jersey a pris cette menace très au sérieux. Pour ce faire, elle a développé une peinture extrêmement réfléchissante. Elle prétend que son produit a un impact majeur sur la température d’une agglomération. Un groupe de chercheurs s’est penché sur la question et lui a donné raison.

Selon le réputé magazine Time, il s’agit d’une des meilleures inventions de l’année 2022. La peinture s'applique sur l’asphalte et le ciment. Elle peut servir à couvrir les rues, les trottoirs, les aires de jeu, les terrains de basketball et même les places de stationnement. Cette peinture acrylique à base d’eau est transparente, mais elle est aussi offerte en 59 couleurs. Parfaite pour embellir nos villes tout en réduisant l’effet d’îlot de chaleur. Autre volet important, elle est entièrement recyclable.

Parce qu’elle contient un agent extrêmement réfléchissant, elle augmente de façon significative l’effet d'albédo des surfaces sur lesquelles elle est étendue, tout en prolongeant leur durée de vie. Il va de soi que sur les rues et les trottoirs on priorisera la version transparente, mais les surfaces de jeux et les stationnements peuvent être facilement embellis par les versions couleur du produit. Elle peut aussi servir à identifier les places réservées dans les stationnements.

La compagnie Streetbond, qui a développé cette peinture, a demandé à un groupe de chercheurs d’évaluer leurs affirmations de manière scientifique. Les résultats de l’étude ont été publiés dans le journal Environmental Research Comunications. On y apprend que l’utilisation de cette peinture abaisse la température de l’air ambiant de 1,4 °C et la température des surfaces sur lesquelles elle est enduite de 9,2 °C.

L’étude a été réalisée à Pacoima, une banlieue de Los Angeles. Celle-ci a été ciblée, car c’est le secteur le plus chaud de la mégalopole californienne. Le quartier a été divisé en deux. Une partie pour l’étude et l’autre comme référence. Dans la moitié destinée à l’étude, les rues, les trottoirs et plusieurs aires de jeu et de stationnement ont été recouverts avec cette peinture. Puis on a recueilli les données pendant un an. On a mesuré la température à tous les niveaux de l’atmosphère, l’humidité relative, la vitesse et la direction des vents, les précipitations et la pression atmosphérique. On a aussi tenu compte des éclairs qui ont frappé la région ainsi que la distance entre ceux-ci et la zone étudiée. La foudre peut avoir un effet sur la température de la zone touchée.

Pour les mesures de température dans les niveaux élevés de l’atmosphère,on a utilisé les données satellites. On a aussi installé des stations météo sur des lampadaires pour avoir des données prises au-dessus de la canopée urbaine. Les relevés au sol ont été effectués par des instruments montés sur une voiturette de golf qui arpentait le quartier. On a choisi un véhicule électrique, car il ne possède pas de pot d’échappement dégageant de la chaleur, ce qui pourrait fausser les résultats. Les données ont été prises plusieurs fois par mois et plusieurs fois par jour.

Selon l'étude, la plus importante baisse des températures a été observée durant les périodes de canicule. L’effet rafraîchissant était plus remarquable durant la journée. Il était plus faible la nuit, mais quand même notable. Selon l'agence de presse Bloomberg, durant la période s’étendant de 2010 à 2020, 12 000 personnes sont mortes à cause de la chaleur extrême aux États-Unis.