Peur en avion? Préparez-vous à de plus en plus de turbulences

Un groupe de chercheurs de l’université de Reading au Royaume-Uni a analysé les données climatiques des quatre dernières décennies. Ils sont arrivés à la conclusion que les changements climatiques sont responsables de l'augmentation et de l'intensification des turbulences atmosphériques en haute altitude.

Leur rapport démontre que certaines régions du globe ont vu une augmentation de la turbulence de plus de 50 % depuis la fin des années 70. Le plus inquiétant, c’est qu’on parle ici de turbulence par temps clair. Les pilotes disposent d'outils pour contourner les zones de turbulence créées par les orages ou les chaînes de montagnes, mais la turbulence par temps clair ne peut pas être anticipée. Celle-ci coûte annuellement à l’industrie aéronautique 200 millions de dollars américains aux États-Unis seulement. Ces coûts sont liés au stress causé à la carlingue. Pendant que celle-ci est réparée ou inspectée, les avions restent cloués au sol. Il faut aussi compter les coûts associés aux blessures infligées aux passagers et à l’équipage.

Il est aussi impossible pour les météorologues de prévoir la turbulence par temps clair. Ceux-ci utilisent des modèles de prévision dont le maillage est trop grand par rapport à la taille de ces zones de turbulence. Pour les modèles de prévision, l’atmosphère est divisée en sections qu’on appelle des mailles. Celles-ci vont de 400 km pour les modèles en basse résolution à 50 km pour ceux en haute résolution. Puisque les zones de turbulence sont beaucoup plus petites que 50 km, les modèles ne peuvent les prévoir.

La turbulence est le résultat de la rencontre de deux masses d’air de vitesse et de température différentes qui se déplacent dans une direction opposée. Par exemple, le courant-jet file à grande vitesse. Quand il côtoie de l’air qui se déplace plus lentement, il se crée des tourbillons à la jonction des deux masses d’air. La turbulence peut aussi être causée par de l’air chaud au sol. Lorsque celui-ci s'élève, il rencontre l’air froid qui est plus lourd et qui descend des nuages. Ce phénomène s'appelle le cisaillement. Notez que le terme temps clair ne veut pas dire qu’il n’y a aucun nuage. Il peut quand même y avoir quelques cumulus. À cause du réchauffement climatique, plus l’air est chaud, plus il y aura de cisaillement.

Les chercheurs ont utilisé un modèle climatique capable de simuler la haute atmosphère, soit à plus de 9 000 mètres (30 000 pieds), avec deux fois la concentration de CO2. En comparant avec une simulation de l'atmosphère préindustrielle, ils ont observé que la turbulence d’intensité modérée avait beaucoup augmenté. Cette augmentation est encore plus marquée pendant les mois d’hiver. C’est une augmentation de 300 % par rapport aux années avant que l’activité humaine relâche de grandes quantités de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Ils ont ainsi conclu que les changements climatiques seront responsables de l’augmentation de la fréquence et de l'intensité de la turbulence en haute altitude par temps clair.