L’exploitation des énergies fossiles fait bondir les niveaux de méthane

Le méthane (CH4) est un gaz à effet de serre plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2). On en parle moins, car le CO2 est de loin celui que l’on retrouve en plus grande quantité dans notre l’atmosphère. Mais il ne faut pas le prendre à la légère, car il a un pouvoir de réchauffement 28 fois plus important que le CO2. La dernière étude menée, en partenariat avec le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE) révèle que la concentration de méthane a fait un bond faramineux depuis le début du siècle.

Les années 2000 avaient bien commencé

Le réseau de mesures internationales avait remarqué que les émissions de méthane s’étaient stabilisées au début des années 2000. Puis en 2007, elles étaient reparties à la hausse avec une plus forte accélération depuis 2014. Le bilan complet des émissions, publié par le Global Carbon Project (GCP), fait état d’une augmentation de 50 millions de tonnes annuellement par rapport aux niveaux de la période 2000-2006. Deux secteurs d’activité sont pointés du doigt, celui de l’agriculture et des déchets et celui de l’exploitation des énergies fossiles.

Un peu plus de 60 % de cette augmentation est lié au secteur de l’agriculture et des déchets. Cette portion est répartie comme suit : 30 % : gestion des troupeaux (fermentation gastrique et gestion des fumiers) 18 % : gestion des déchets (liquides et solides) 8 % : la culture du riz 8 % : les feux de biomasse et de biofuel.

Le reste des émissions est lié à l’exploitation du pétrole et du gaz, à l’extraction du charbon et au transport.

À qui la faute ?

Trois régions du monde apparaissent en tête de lice comme étant de grands émetteurs. L’Afrique, la Chine et l’Asie sont responsables de dix à quinze millions de tonnes (MT) par an respectivement. Vient ensuite l’Amérique du Nord avec 5 à 7 MT, dont 4 à 5 MT pour les États-Unis. L’Afrique et l’Asie (sans la Chine) ont vu leurs émissions augmenter en grande partie à cause de leurs secteurs “agriculture et déchets”. Pour la Chine et l’Amérique du Nord, c’est le secteur de l’exploitation des énergies fossiles qui a majoritairement contribué à leur augmentation. En fait, l’Europe est la seule région du monde où les émissions de méthane ont diminué.

Selon Environnement et Changement Climatique Canada (ECCC), le secteur pétrolier et gazier constitue la plus importante source industrielle de méthane au Canada. Il est responsable d'environ 15 % de nos émissions totales de gaz à effet de serre.

Risque pour la santé

Toujours selon ECCC, les émissions de méthane s’amalgament souvent avec d’autres toxines atmosphériques et contribuent au smog en facilitant la formation d’ozone. Les polluants atmosphériques sont associés à des problèmes pulmonaires comme les crises d’asthme ainsi qu'à des décès prématurés.